HISTOIRES DE LUNAL (25 À 35)
Histoires de LunaL (25)
La guérison des maladies du cœur à Sainte-Mangouste

Il y a quelque temps, tandis que je feuilletais la revue Science Magique, mise à la disposition des patients dans la salle d'attente d'un guérisseur de Sainte-Mangouste, je suis tombé sur l'article suivant, qui m'a paru intéressant. Je le reproduis ici intégralement avec la permission de l'éditeur.
Pilar del Corazon, «La guérison des maladies du cœur à Sainte-Mangouste», Science magique, vol. 359 n° 6 (juin 2012), p. 223-227.
Si les Moldus ne jurent que par la chirurgie et les produits pharmaceutiques pour guérir certains problèmes cardiaques - et, notamment, les infarctus du myocarde −, les guérisseurs de Ste-Mangouste savent depuis longtemps que les histoires de bon et de mauvais cholestérol, d'artères bouchées par les plaques d'athérome, etc. ne sont que des symptômes d'un mal beaucoup plus profond, qu'il est possible d'atténuer - voire de faire disparaître − par la magie.
Comme chacun sait, la médecine moldue repose uniquement sur la disparition des symptômes physiques, alors qu'une pratique holistique - autrement dit, qui englobe à la fois le corps, l'âme et l'esprit −, telle que préconisée par l'Ordre des guérisseuses et des guérisseurs, donne des résultats beaucoup plus probants et, surtout, plus durables.
L'auteur du présent article a ainsi comparé les pratiques des médecins moldus et des guérisseurs de Ste-Mangouste dans un cas d'angine (douleurs thoraciques, engourdissement et douleur au bras gauche, sensation de mort imminente), symptomatique d'un problème cardiaque.
Le patient qui a bien voulu se prêter à cette comparaison et qui a consenti à ce que son nom soit publié dans le présent article, est Monsieur Henry James Granger, dentiste de profession et père de Madame Hermione Granger-Weasley, haut fonctionnaire au Département d'application des Lois magiques.
Après une crise d'angine, M. Granger a consulté un cardiologue du London Cardiac Institute, qui lui a fait subir différents tests, dont une coronarographie qui a révélé une obstruction à 80 % de l'artère coronaire droite.
L'angioplastie, qui aurait consisté à introduire un tuteur (ou stent) dans l'artère bloquée - il s'agit d'une sorte de ressort métallique qui, déployé, élargit l'artère et rétablit ainsi la circulation sanguine - n'a pas été pratiquée immédiatement, puisque M. Granger s'était laissé convaincre par sa fille de consulter d'abord un guérisseur de Ste-Mangouste.
Muni des résultats de ses examens - et, notamment, des radiographies du cœur prises lors de la coronarographie −, M. Granger a été admis à l'hôpital Ste-Mangouste et examiné par Madame Esculapia Mensana, spécialiste des troubles cardiaques.
Une entrevue préliminaire de deux heures a d'abord permis de cerner la personnalité du patient et de déterminer les points de friction entre son moi profond et la réalité. Sans entrer dans les détails, Madame Mensana a découvert certaines blessures de l'âme, profondément enfouies, ainsi que des insatisfactions liées à des ambitions non satisfaites.
Madame Mensana a alors expliqué au patient que ces blessures et ces insatisfactions ont fini par se matérialiser dans son organisme par une paralysie du cœur, l'intervention de guérison consistant à ramener progressivement à la surface ces «nœuds», à les retirer de l'organisme et à surveiller pendant quelques heures l'évolution de la situation.
L'intervention reste très délicate, car la guérisseuse doit pouvoir éliminer ces «nœuds» tout en conservant l'intégrité de la mémoire et de l'âme du patient. Or, comme l'explique Madame Mensana, une blessure de l'âme ou une insatisfaction forme un noyau auquel se sont greffés au fil des ans une foule de souvenirs et d'états d'âme. Il s'agit donc d'«éplucher» cette «masse» jusqu'au noyau et de n'enlever que celui-ci. Ce qui requiert, bien entendu, une très grande dextérité et de longues années de pratique.
L'intervention a été pratiquée le lendemain de l'entrevue. Le patient, couché sur une table fabriquée dans un matériau qui fait obstacle aux ondes parasitaires, a été conditionné par un sortilège de relaxation - car l'extraction des éléments négatifs peut être parfois douloureuse.
La guérisseuse a repéré un à un, en différents endroits du corps, mais surtout au niveau de la tête et du cœur, les «nœuds» à l'origine des problèmes cardiaques du patient et, un peu comme les filaments de souvenir qu'on retire de la mémoire pour les mettre dans une pensine, elle les a expurgés à l'aide de sa baguette magique, en prenant bien soin, comme on l'a dit précédemment, de les dépouiller auparavant des éléments qui s'y étaient greffés.
L'intervention a duré une heure.
Le patient a ensuite été mis au repos pendant une journée, puis il a reçu son congé, car il était en pleine forme.
De nouveaux examens ont été pratiqués dans une autre clinique que le London Cardiac Institute (afin de ne pas créer de buzz médiatique sur une guérison qui aurait été considérée comme «miraculeuse» par la médecine moldue). Les résultats sont des plus probants : la circulation sanguine dans l'artère coronaire droite, qui était obstruée à 80%, a été totalement rétablie et, comme l'indique le rapport du cardiologue:« M. Granger, 60 ans, a le cœur d'un homme de 40 ans.»
En conclusion, l'auteur du présent article croit qu'il est dommage que le monde des moldus ne puisse pas profiter davantage du savoir-faire des sorciers dans une foule de domaines, sachant que les sorciers ne se gênent pas, eux, pour emprunter aux moldus tout ce qui leur convient.
Il faut espérer qu'un jour, les ponts seront rétablis entre les deux mondes, pour le plus grand bien de tous.
Histoires de LunaL (26)
Entrevue d'Hermione Granger à Sorcière Hebdo
J'ai obtenu l'autorisation de Sorcière Hebdo de publier intégralement l'entrevue accordée récemment à la revue par notre chère Hermione. La voici :
HERMIONE GRANGER
Femme, sorcière, épouse, mère et haut fonctionnaire au ministère de la Magie. Comment concilie-t-elle tous ces rôles ?
par Joan K. Radish
Hermione Granger m'avait donné rendez-vous au ministère de la Magie. Elle avait une demi-heure à me consacrer avant une réunion importante avec ses adjoints. À mon arrivée au ministère, j'ai été dirigée vers le département de la Justice magique et j'ai abouti, par différents couloirs, au bureau de la directrice générale de l'application des lois magiques.
Pour rendre les choses moins formelles, madame Granger m'a invitée à m'asseoir non pas devant elle, de l'autre côté de son bureau couvert de dossiers, mais dans un coin de la pièce, où nous attendaient deux fauteuils moelleux séparés par une petite table.
J'avais eu le temps de remarquer sur son bureau une photographie de sa famille : son mari Ron Weasley et leurs deux enfants, Rose et Hugo.
J'avais mon entrée en matière.
- Parlez-moi de votre famille, madame Granger.
- Pas de formalités, s'il vous plaît ! Appelez-moi Hermione !
- Merci, Hermione ! Alors, parlez-moi de votre famille. Que fait votre mari ?
- Mon mari, Ron Weasley, s'est associé à son frère George dans la boutique de farces et attrapes que ce dernier avait fondée avec mon regretté beau-frère Fred, mort comme vous le savez durant la bataille de Poudlard.
- Et vos enfants ?
- Ma fille Rose vient d'entrer en première année à Poudlard et mon fils Hugo y sera admis dans deux ans.
- Le roux est à la mode dans votre famille ?
Elle éclata de rire.
- En effet ! Je détonne un peu dans cette bande de rouquins.
- Et où vivez-vous ?
- Bonne question. Elle a fait l'objet de longues discussions avec mon mari. Mes parents qui, comme vous le savez, sont dentistes à Londres, auraient bien aimé que nous nous installions dans cette ville. Mais avec des enfants qui, dès leur plus jeune âge, ont montré de grandes aptitudes pour la magie, il était difficile de vivre parmi les Moldus. Mes parents l'ont bien compris. Nous nous sommes donc fait construire près de Loutry-Ste-Chaspoule...
- Tout près des parents de Ron...
- Exactement ! il est toujours plus facile d'élever de petits sorciers à la campagne. Et comme mes beaux-parents sont maintenant très disponibles - et très heureux de s'occuper de leurs petits-enfants quand nous devons nous absenter −, la décision de nous installer là-bas s'est révélée la plus judicieuse...même si les bouchons dans le réseau de cheminées aux heures de pointe ne nous facilitent pas toujours la tâche.
- Vous avez donc réussi à concilier vos rôles d'épouse, de mère et de haut fonctionnaire...
- Avec beaucoup d'aide et de bonne volonté de tout le monde, on y arrive.
- Parlez-moi de votre carrière. Récemment, dans la Gazette du Sorcier, la journaliste Rita Skeeter vous a prêté de grandes ambitions.
- Mes rapports avec Rita ont toujours été un peu tendus. Je crois qu'elle m'en veut encore de l'avoir fortement incitée (elle mime avec ses mains l'insertion de guillemets au début et à la fin du mot incitée) à écrire gratuitement une entrevue sur mon ami Harry pour Le Chicaneur.
- Et vos ambitions ?
- Si vous pensez au poste de ministre de la Magie, chassez tout de suite cette idée de votre esprit. J'ai toujours été guidée dans ma carrière par la notion de justice. Les sang-purs ont fait inscrire dans la Loi magique des privilèges auxquels, selon moi, ils n'ont pas droit, et le sort des elfes de maison m'a toujours préoccupée. Je n'ai pas d'autres ambitions.
- Qu'en est-il justement des modifications que vous proposez au statut des elfes de maison ?
- Nous sommes en train de formuler le texte de deux alinéas que nous proposerons d'ajouter au paragraphe 5 de l'article 1 033 de la Loi magique afin que, dorénavant, aucun elfe de maison ne soit attaché par un lien magique au service de ses maîtres - autrement dit, les elfes seront libérés de toute contrainte à cet égard - et que, d'autre part, les services fournis par les elfes de maison soient assujettis aux règlements sur la rémunération, les congés et les avantages sociaux des êtres libres.
Madame Granger consulta discrètement sa montre. J'ai su que mon temps était écoulé.
- Une dernière question : beaucoup de rumeurs ont circulé sur une liaison que vous auriez eue avec Harry Potter...
- Je vous arrête tout de suite ! D'abord, cette question n'est pas digne de votre revue...(Elle me regarda rougir comme un radis et lança : « Mon ami LunaL se serait beaucoup amusé à dire que vous portez bien votre nom)...Ensuite, je ne dirai que ceci : une liaison avec Harry aurait été quasiment incestueuse, car je l'ai toujours considéré comme mon frère.
Je me suis levée, embarrassée au possible par cette fin d'entrevue plutôt ratée. J'ai alors appris que j'avais devant moi la personne la plus compatissante au monde, car elle me dit, après m'avoir serré la main :
- Vous êtes encore jeune, ma chère Joan K. Je suis sûre que vous aurez l'occasion de vous reprendre et je serai toute disposée à vous accorder une autre entrevue dans quelques années.
Histoires de LunaL (27)
Extrait de Vie et habitat des animaux fantastiques II
Ma très chère Luna Lovegood et son mari Rolf ont convaincu leur éditeur - les Éditions Obscurus - d'accepter que je publie ici un extrait de leur futur best-seller Vie et habitat des animaux fantastiques II, la suite du chef-d'œuvre écrit par le grand-père de Rolf. Tu excuseras mon petit côté m'as-tu-vu, puisque j'ai choisi un extrait dans lequel les auteurs parlent de moi et d'une potion que j'ai mise au point [pour savoir comment préparer cette potion et en connaître les vertus en détail, voir Histoires de LunaL (7)]. Voici donc cet extrait :
PATAZOUF
Classification MdlM : XXXX
Le patazouf a la taille d'un écureuil. Il possède une queue touffue, dont il se sert pour balayer le pas de sa porte, car cet animal ne tolère pas que des feuilles mortes ou autres débris encombrent l'ouverture de sa tanière - habituellement, le creux d'un arbre. Le patazouf vit exclusivement sur l'île de Zanzibar dans l'océan Indien. Ces deux dernières caractéristiques font que son nom complet est « patazouf à queue touffue de Zanzibar ».
Malgré sa petite taille, le patazouf a la réputation de ne rien craindre, même les bêtes beaucoup plus grosses que lui. Nous avons nous-mêmes pu observer un patazouf affronter un gigantesque python et le mettre en fuite.
Cet animal redoutable, qui ne se laisse pas approcher, a pourtant un point faible : il adore les dragées surprises de Bertie Crochue. Cependant, l'un des ingrédients des dragées lui est funeste car, dès qu'il commence à ronger la friandise, il tombe dans un coma profond et s'éteint en douceur quelques minutes plus tard.
Le patazouf n'est pas comestible, mais son cœur est utilisé dans la préparation de plusieurs potions de courage, dont une potion mise au point par le professeur LunaL de Poudlard - le Somnipotens, qui permet de venir en aide aux personnes souffrant de cauchemars récurrents.
Du point de vue écologique, l'exploitation du patazouf à des fins médicinales n'a aucun effet sur sa population puisqu'il est extrêmement prolifique.
Histoires de LunaL (28)
Entrevue de Luna Lovegood-Scamander à Sorcière-Hebdo
J'ai obtenu l'aimable autorisation de Sorcière Hebdo de reproduire ici l'intégrale de l'entrevue accordée à la revue par ma très chère Luna Lovegood-Scamander. Comme Luna sait que le salaire des professeurs de Poudlard n'est pas très élevé, elle a exigé que ce soit moi qui l'interviewe. Le cachet que j'ai touché grâce à sa grande générosité m'a permis de faire quelques cadeaux à ma fille Jade, dont une nouvelle robe de sorcière. Voici l'entrevue :
LUNA LOVEGOOD-SCAMANDER : SI CETTE FEMME N'EXISTAIT PAS, IL FAUDRAIT L'INVENTER.
Par LunaL
J'ai rencontré Luna Lovegood-Scamander à l'occasion de son retour précipité en Angleterre suite au décès de la grand-mère de son mari Rolf. Porpentina Scamander était l'épouse du célèbre Newt Scamander, auteur du chef-d'œuvre Vie et habitat des animaux fantastiques, inscrit au programme d'études de Poudlard (et d'autres écoles de sorciers de par le monde). Une version de l'ouvrage a même été publiée pour les Moldus.
Luna Lovegood-Scamander, encore plus jolie que d'habitude et toujours protégée des ravages du temps grâce à une recette que toutes les lectrices de la revue aimeraient bien connaître, m'a reçu dans la maison de Houpelaï-O-Lala (Dorset), dont son mari et elle viennent d'hériter après le décès de Porpentina.
Assis dans le salon devant une tisane de ravegourdes que je me suis bien gardé de toucher, nous nous sommes entretenus sur son parcours exceptionnel. Comme nous sommes amis depuis plus de 20 ans, les lectrices ne verront sans doute pas d'objection à ce que nous nous tutoyons.
- Tout d'abord, ma chère Luna, au nom de toutes les lectrices de Sorcière Hebdo, je t'offre ainsi qu'à ta famille mes plus sincères condoléances pour la perte immense que vous venez de subir.
- Oh tu sais, Porpentina était un peu partie depuis un bout de temps déjà. Pendant nos expéditions, nous lui faisions souvent garder nos jumeaux Lorcan et Lysander, mais j'ai parfois eu l'impression que c'étaient eux qui la gardaient. Cent treize ans est d'ailleurs un âge très raisonnable pour quitter ce monde, surtout que Porpentina souffrait de mélancolie chronique depuis la mort de son mari, quelque part entre 1991 et 1992.
- Parle-moi de ton enfance.
- Eh bien ! Comme tous les lecteurs de la saga Harry Potter le savent, ma mère est morte des suites d'une expérience de magie qui a mal tourné alors que j'avais neuf ans. C'est donc mon père, Xenophilius Lovegood, directeur du Chicaneur, qui m'a élevée. Je me suis beaucoup attachée à lui et comme il était à peu près la seule personne que je fréquentais avant mon entrée à Poudlard, j'ai longtemps eu tendance à voir en lui la Vérité incarnée. Au fil du temps, j'ai appris à faire la part des choses, mais j'ai toujours gardé un esprit ouvert ainsi que cette devise, héritée de mon père :« Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas une chose qu'elle n'existe pas ». Ceux qui se disent scientifiques devraient adopter cette philosophie. Ils éviteraient de se couvrir de ridicule. Des planètes qu'on n'avait jamais vues ont été «découvertes» par de simples calculs des variations orbitales d'autres corps célestes. S'il fallait nier l'existence de tout ce qu'on ne voit pas à l'œil nu, on ne connaîtrait pas les virus, les atomes, etc.
- Et tes années à Poudlard ?
- Du bon et du moins bon. Bien sûr, mon caractère original m'a attiré bien des problèmes : on me surnommait «Loufoca» − ce qui n'est pas très gentil −, on me cachait mes affaires, etc. Mais je n'en veux à personne. L'originalité a toujours fait peur, car elle oblige les gens à sortir de leur petit confort. On préfère donc garder son petit confort sécurisant et rejeter ce qui nous fait peur. Mais heureusement il y a eu l'Armée de Dumbledore et tous les amis que je m'y suis faits. Même s'il y a eu parfois des «étincelles» entre Hermione Granger et moi, nous sommes toujours restées de grandes amies. Mais, à part toi qui as toujours pris mon parti, celle qui m'a le plus défendue, c'est Ginny Weasley. Je lui serai éternellement reconnaissante de sa gentillesse.
- Et que voulais-tu faire après Poudlard ?
- Quand j'étais gamine, je voulais devenir découvreuse d'horizons.
- En as-tu découvert ?
- Eh bien non ! Je me suis vite rendu compte que cette quête est sans fin, car on ne parvient jamais à découvrir l'horizon qu'on a sous les yeux au loin, puisqu'il se déplace en même temps que nous.
- C'est un peu comme les ronflaks cornus...
- Exact ! Nous avons pu constater, mon père et moi, qu'ils sont toujours dans le pays où l'on n'est pas. Chaque fois que nous arrivions dans un pays censé abriter des ronflaks, des habitants nous disaient:«Non ! Il n'y a pas de ronflaks cornus ici. Mais nous avons entendu dire qu'il y en a dans le pays voisin.» Nous nous précipitions dans le pays voisin et nous entendions la même histoire.
- En fait, c'est un peu comme «courir après le bonheur». C'est quand on cesse de courir après qu'on le trouve.
Elle rit.
-Parle-moi de Rolf.
- Rolf est une personne plutôt timide, car il a toujours vécu dans l'ombre de son célèbre grand-père. C'est une charge écrasante pour un enfant de se voir toujours comparé à un illustre ancêtre. Mais il a fait son chemin et a même réussi à se faire un prénom dans le même domaine que Newt.
- D'ailleurs, vous publiez prochainement une sorte de suite à Vie et habitat des animaux fantastiques.
- Oui et nous sommes très heureux du résultat. Nous avons travaillé très fort pour recenser les animaux dont le grand-père de Rolf n'a pas eu le temps de dresser la liste.
- Et vous avez deux magnifiques jumeaux, Lorcan et Lysander.
- Oui, ce sont nos animaux fantastiques à nous ! Ces petits garçons sont tellement pleins de vie et de malice que Fred et George Weasley étaient des anges à côté d'eux.
- Des projets, autres que leur donner une petite sœur... ?
Elle éclata de rire et agita un index réprobateur dans ma direction.
- Je vois que tu as utilisé le sortilège informulé praegnans revelatio. Eh bien ! puisque tu le sais déjà, j'annonce en primeur aux lectrices de Sorcière Hebdo que je suis enceinte.
- Félicitations, ma chère Luna ! Les lectrices de la revue te remercient de la confiance que tu leur témoignes et je suis assuré qu'elles te souhaitent de vivre une grossesse sans problème et d'accoucher d'une petite fille aussi merveilleuse que tu l'es toi-même. D'autres projets ?
- Oui. Mon père se fait vieux et j'aimerais bien, avant qu'il nous quitte, lui faire une grande joie. Je suis donc en train d'écrire une petite plaquette que j'intitulerai sans doute Le Bestiaire fantastique de Xenophilius Lovegood.
- Merci, Luna, de m'avoir consacré tout ce temps.
- Tout le plaisir a été pour moi. Tu es mon ami pour toujours, LunaL, et tu peux me demander ce que tu veux...sauf de garder les ailes d'ange que tu m'as déjà fait pousser dans le dos par magie. (Elle rit.)
Nous nous sommes fait la bise et, après avoir salué Rolf et les enfants, j'ai transplané jusqu'à l'entrée du domaine de Poudlard.
Histoires de LunaL (29)
Serdaigle, une maison de filles
Avec l'aimable autorisation de Sorcière Hebdo, je reproduis ici un article publié récemment dans la revue sous la plume de Joan K. Radish
Serdaigle à Poudlard
Une maison de filles où les garçons sont tout de même les bienvenus
par Joan K. Radish
Intriguée par la rumeur selon laquelle il y a beaucoup plus de filles que de garçons dans la maison Serdaigle à Poudlard, j'ai obtenu l'autorisation de l'école de mener ma petite enquête sur le terrain.
À mon arrivée à Poudlard, j'ai été accompagnée par le concierge Rusard au bureau de la directrice du prestigieux établissement, madame Minerva McGonagall.
Aussitôt assise dans le bureau, je suis entrée dans le vif du sujet.
- Madame la directrice, est-il vrai que l'élément féminin est plus nombreux que l'élément masculin à Serdaigle ?
- C'est un fait ! a-t-elle répondu comme si de rien n'était.
- Et comment expliquez-vous ce phénomène ?
Elle tourna les yeux vers un vieux chapeau poussiéreux, posé sur une tablette derrière elle et dit d'un air pincé : Vous devriez peut-être poser la question au choixpeau.
- Pourquoi devrais-je interroger cette chose ? demandai-je.
Elle émit une série de hoquets à intervalles très rapprochés, qui ressemblaient à un rire, et s'empressa de déclarer :
- Je voulais plaisanter, bien sûr !
Je me creusais la tête pour comprendre son sens de l'humour un peu particulier quand j'entendis le choixpeau émettre un hum ! hum !
Le professeur McGonagall parut soudain ennuyée et leva mollement la main, comme pour autoriser l'objet à répondre à ma question.
- Eh bien ! commença le choixpeau, j'ai eu le loisir de me balader dans la tête de milliers d'enfants et je dois dire que je retrouve souvent chez les filles les qualités qui correspondent exactement à ce qu'on attend d'un élève de Serdaigle . En outre...
- Et je suppose, l'interrompit la directrice d'un air ennuyé, que tu vois moins ces qualités chez les garçons...
- En effet ! répliqua le choixpeau, quelque peu vexé.
La directrice se tourna vers moi et son regard s'alluma.
- Vous ne vouliez pas me parler de Gryffondor ? s'enquit-elle. Vous savez que j'ai été directrice de cette maison.
- Non, madame, je suis venue enquêter sur Serdaigle. Me permettez-vous de poursuivre mon enquête dans l'école, notamment du côté de Serdaigle ?
- Mais faites, ma chère ! J'ai d'ailleurs déjà perdu assez de temps avec ces billevesées.
Et elle me congédia sur-le-champ.
Je m'interrogeais encore sur la signification du mot «billevesées» en sortant du bureau de la directrice quand je tombai sur le professeur LunaL, qui enseigne les runes à Poudlard et qui est célèbre pour avoir résolu l'énigme de la Dame Grise, une femme merveilleuse qu'il a d'ailleurs épousée récemment.
Je l'arrêtai.
- Professeur LunaL, pouvez-vous me parler de la rumeur selon laquelle il y a plus de filles que de garçons à Serdaigle ?
L'homme dans la trentaine avancée, qui semblait vieilli prématurément, se tourna vers moi.
- Bien sûr, mademoiselle ! Et ce n'est pas une rumeur, c'est un fait indéniable. Serdaigle est la plus féminine des quatre maisons de Poudlard. J'ai d'ailleurs imaginé un petit test là-dessus, basé sur le sexe du fondateur ou de la fondatrice de chaque maison, du sexe du directeur ou de la directrice de chaque maison, du sexe du fantôme de la maison ainsi que du sexe des principaux personnages associés à la maison dans la saga Harry Potter.
Je dois avouer que j'en perdais un peu le latin que je n'ai jamais appris. Que voulait-il dire par «personnages de la saga Harry Potter» ?
C'est alors que je vis s'avancer vers nous Helena Serdaigle, l'épouse du professeur, qui flottait au-dessus du sol. Quelle élégance !
Elle me toisa.
- Mademoiselle, pourquoi harcelez-vous mon mari ?
- Mais...
Le professeur essaya d'intervenir.
- Chérie, mademoiselle est journaliste et enquête sur notre maison.
La Dame Grise tourna un regard plein de douceur vers son mari.
- Mon amour, tu es fatigué, tu as besoin de te reposer. Viens avec moi.
Le professeur baissa les yeux et suivit docilement sa femme. Il se retourna cependant vers moi et, en prononçant silencieusement les mots avec sa bouche, il me fit comprendre d'aller voir dans la salle commune de Serdaigle.
Après bien des détours, je me retrouvai devant une porte décorée d'un aigle qui me posa une énigme dont je ne compris absolument pas le sens. Comme il fallait apparemment résoudre l'énigme pour entrer chez les Serdaigle, je dus attendre qu'un élève se pointe.
J'étais perdue dans mes pensées quand une gamine arriva et résolut l'énigme en criant «ciseaux» (d'ailleurs, la solution était justement «ciseaux»).
Elle m'invita à entrer dans la salle, magnifiquement décorée et, comme je le remarquai tout de suite, remplie d'une majorité de filles.
Je me penchai vers la gamine.
- Comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Jade et je suis la fille du professeur LunaL et de la Dame Grise.
- Puis-je te poser une question ?
- Bien sûr !
- Pourquoi y a-t-il plus de filles que de garçons à Serdaigle ?
La fillette éclata de rire.
- Tiens ! C'est l'énigme de la semaine dernière. La réponse est : parce que les filles ont des qualités qui correspondent exactement à ce qu'on attend d'un élève de Serdaigle.
Je remerciai Jade et je me précipitai à l'entrée du domaine pour transplaner jusqu'à Londres.
Je me retrouvai bientôt dans le bureau de ma rédactrice en chef, qui me pria de lui lire mes notes.
- Et quel titre as-tu trouvé pour cet article ? demanda-t-elle quand j'eus fini.
- J'ai pensé à : Serdaigle à Poudlard : il y a plus de filles que de garçons.
- Pas assez accrocheur ! Tu écriras : Serdaigle à Poudlard : une maison de filles où les garçons sont tout de même les bienvenus. Et puis, tu n'as pas répondu à la question dans ton article : quelles sont les qualités que les filles possèdent et qui correspondent exactement à ce qu'on attend d'un élève de Serdaigle ?
Je me levai. J'étais un peu dépitée. Même l'envie de changer de métier m'effleura. Voyant ma mine, la rédactrice en chef me dit, comme si elle lisait dans mes pensées :
- Ma petite, quand tu verras ton nom au-dessous de ton article sur la page imprimée, tu te diras que tu fais le plus beau métier au monde et tu ne voudras sûrement pas en changer.
-Et les qualités des filles ?
-Aucune importance. Cette information est accessoire. Je te donne une demi-heure pour mettre tout ça au propre et me rapporter ta copie.
Histoires de LunaL (30)
Mon plus beau cadeau de Noël
Il y aura une fois...
Ainsi commencent tous les contes de fées qui se situent dans le futur.
(Cette histoire m'a été contée il y a des lustres par une sorcière brésilienne appelée Fioutiour Hiznaõ.)
« Mon petit LunaL, dans une vingtaine d'années, tu auras environ 35 ans et tu enseigneras les runes à Poudlard.
L'amour qui te lie avec la Dame Grise sera officiel depuis longtemps et tes élèves te surnommeront affectueusement LunaL le Gris.
En septembre de cette année-là, comme à chaque rentrée, Poudlard accueillera en première année des jeunes de 11 ans venus d'un peu partout pour étudier dans la plus prestigieuse école de sorcellerie au monde.
Parmi ces nouveaux élèves se trouvera une petite Malaisienne prénommée Jade.
Tu la verras pour la première fois au moment de la répartition.
Assis à la table des professeurs, tu souhaiteras, sans savoir pourquoi, qu'elle soit envoyée à Serdaigle et ton souhait sera exaucé.
Tu tourneras alors ton regard vers ta bien-aimée la Dame Grise, qui se tiendra debout près de la table des Serdaigle et tu verras dans ses yeux un éclat inhabituel. Certes, Helena s'intéresse énormément à tous les élèves qui sont envoyés dans la maison dont elle est le fantôme, mais la petite Jade semblera avoir éveillé quelque chose en elle.
En allant s'asseoir parmi ses nouveaux camarades, Jade sourira même à Helena, alors que les nouveaux élèves sont toujours intimidés par les fantômes.
Un peu plus tard, tu verras la petite demander à une élève plus ancienne qui est l'homme assis tout au bout de la table des professeurs : ce sera toi.
Tu échangeras avec elle un regard plein de sympathie.
Les semaines passeront.
Chaque fois que Jade te verra avec Helena, elle viendra vous voir. Des liens se tisseront.
Quand un puissant tremblement de terre, suivi d'un épouvantable tsunami, ravagera les côtes de la Malaisie, tuant des dizaines de milliers de personnes, dont la famille entière de Jade, ce sera Helena qui se rapprochera davantage de la petite, qu'elle consolera du mieux qu'elle pourra et qu'elle veillera chaque nuit pour être là quand des cauchemars terribles l'entraîneront au seuil de la folie.
Personne n'ayant réclamé la petite en Malaisie, elle restera à Poudlard.
Les enfants ont une résilience que les adultes ne soupçonnent même pas.
Jade se remettra à vivre.
L'affection qui aura vu le jour entre vous trois continuera de s'épanouir.
De là à ce que tu t'attendes à lire, le matin de Noël, cette carte de vœux, glissée sous la porte de votre chambre :
«JOYEUX NOËL LUNAL ET HELENA.
Je voudrais que vous soyez mon papa et ma maman.
Jade»
«Ce projet n'a aucun sens !» diras-tu à Helena. Penses-y ! Quelle idée d'avoir pour père un petit professeur de Poudlard et pour mère un fantôme plusieurs fois centenaire !»
Tu t'opposeras pendant des semaines, jusqu'à ce qu'Helena et Jade parviennent à te persuader qu'une seule chose importe dans la vie : faire le bonheur de ceux qu'on aime.
C'est ainsi que le papa professeur de runes à Poudlard, la maman fantôme et leur fille, petite orpheline malaisienne, vivront heureux pendant de longues, longues années. »
Histoires de LunaL (31)
Ma cérémonie de répartition
Tous les élèves de Poudlard ont connu cette angoisse et je ne fais pas exception.
À ma première année à Poudlard - et contrairement à ce qu'on voit dans le film −, durant le trajet en train jusqu'à l'école, la très grande majorité des conversations ne portaient que sur la répartition dans les maisons, les plus jeunes essayant timidement de se renseigner auprès des plus vieux sur la façon dont fonctionne le célèbre choixpeau.
Et, bien sûr, la plupart des élèves - sauf ceux qui avaient déjà des proches dans d'autres maisons - ne souhaitaient qu'une chose : être envoyés à Gryffondor.
Tous les garçons se voyaient en Harry Potter (quelques-uns tout de même se voyaient en Ron Weasley) et toutes les filles s'imaginaient en Hermione Granger.
L'arrivée dans la grande salle est toujours un moment fort et inoubliable dans la vie d'un élève à Poudlard. Cette bande de jeunes apeurés qui passent entre les rangées d'élèves plus âgés, lesquels ne manquent pas - initiation oblige - de les terroriser en leur racontant des histoires d'horreur sur le choixpeau a l'air d'un troupeau de moutons qui va à l'abattoir.
Après une brève introduction, l'appel des noms débute.
Plus la répartition avance, plus l'angoisse de ceux qui n'ont pas encore été répartis augmente. Cette année-là, un élève qui a par la suite été envoyé à Serpentard a fait dans son pantalon.
Mon tour arrive. Je m'avance. On me met le choixpeau sur la tête.
Première impression : il pue le vieux feutre et son pourtour intérieur est recouvert d'un centimètre d'épaisseur de gras laissé par toutes ces têtes pas toujours propres qui l'ont porté.
Seconde impression : l'angoisse augmente d'un cran quand nous sentons une présence dans notre tête : le choixpeau est en train de fouiner dans notre être le plus intime. La peur qu'il ne révèle à tout le monde ces petits secrets inavouables que nous gardons bien cachés au plus profond de nous est indicible.
Troisième impression : quand le choixpeau nous dit :« N'aie pas peur, petit ! », une partie de la tension disparaît, mais ce n'est que pour faire ressortir avec plus de force encore cette idée : dans quelle maison vais-je aboutir ?
Le choixpeau se met alors à marmonner (il est un peu sénile !)
« Où vais-je bien t'envoyer ? Je vois beaucoup de discipline et de détermination. De la curiosité, une grande soif de connaître. Je ne crois pas que tu serais heureux ni à Poufsouffle ni à Serpentard. »
J'acquiesçai de la tête.
« Bon ! Il ne reste que Serdaigle et Gryffondor. J'hésite...Tu ferais ta place dans les deux maisons. Mais je lis aussi l'avenir [sa voix va alors en augmentant] et je crois que tu serais mieux [pour se terminer dans un cri] À SERDAIGLE !
C'est ainsi que je me suis retrouvé au pays de Serdaigle.
Histoires de LunaL (32)
Ma convocation au bureau du professeur Maugrey
En quatrième année à Poudlard (année de La Coupe de feu, dois-je le préciser), j'avais, du côté moldu de ce monde, un blogue intitulé LunaL au pays de Serdaigle. J'ai publié ce blogue pendant plus de six mois et reçu plus de 25 000 visiteurs. Dans ce blogue, je postais, entre autres, des photos des films, que j'accompagnais de faux dialogues délirants. Un jour, donc, je fus convoqué au bureau du professeur Maugrey, dit Fol-Œil.
Je frappe à la porte du bureau du professeur de Défense contre les forces du mal, poste occupé au fil des ans par de grands magiciens et que Severus Rogue a toujours rêvé de remplir.
« Entrez ! » entends-je de l'autre côté.
J'entre et je vois Alastor Maugrey, dit Fol Œil, assis à son bureau, en train de s'amuser avec une araignée du même genre que celle qu'il a si bien fait souffrir durant son premier cours de l'année.
« Viens t'asseoir mon garçon ! »
Je m'assieds, prêt à entendre le petit laïus du professeur. Je m'attends à tout, sauf à ce qu'il me dise :
« J'ai des antennes dans le monde moldu, mon petit LunaL, et on m'a appris que tu as, sur un réseau de hiboux en forme d'écran, un truc appelé un glog dans lequel tu as publié une photo de moi accompagnée d'un texte qui me ridiculise. »
« Le réseau de hiboux dont vous parlez s'appelle Internet et le truc dans lequel j'ai posté un texte sur vous s'appelle un blogue. »
« Tu ne nies donc rien ? »
« Non. Tout est exact, sauf que je ne vous ridiculise pas. Je me moque un peu du personnage que vous jouez dans le film. »
« Un film ? Qu'est-ce que tu me sors là ? N'essaie pas de m'entourlouper. Tu sais que je peux te faire renvoyer de l'école pour ce que tu as fait...»
« Mais vous ne le ferez pas. »
« Et pourquoi donc, mon garçon ? Je te trouve bien arrogant. J'aurais bien envie de te faire subir un petit sortilège endoloris (l'araignée qui est dans sa main tressaille.) »
« Je ne vous le conseille pas, monsieur l'imposteur. »
Maugrey se dresse de toute sa taille, se penche au-dessus de son bureau et me jette un regard rempli d'éclairs de son œil en forme de boule de billard. En même temps, sa petite langue de serpent apparaît et disparaît entre ses lèvres.
« Je crois que c'est l'heure de prendre votre potion, monsieur le professeur, » lui dis-je, très calme.
Maugrey est assommé. Il tire de son tiroir son flacon de polynectar et en prend une gorgée.
« Vous comprendrez, cher faux professeur, que si vous faites quoi que ce soit contre moi, vous serez aussitôt dénoncé.»
Maugrey se rassit dans son fauteuil, en plein désarroi.
« Mais si tu sais, pourquoi ne me dénonces-tu pas ? »
« Parce que ça foutrait en l'air la brillante intrigue du livre et du film. Et j'aime beaucoup trop J.K. Rowling pour bousiller un si beau travail. »
Maugrey prend sa tête dans ses mains.
« Qui c'est encore, cette K.J. Rowlong ? Et cette histoire de livre et de film ? »
Maugrey se redresse. Une lueur d'espoir brille dans ses yeux.
« Toute cette histoire n'est que du vent. Tu me fais marcher. »
Je tire alors ma baguette et je dis : accio livre coupe de feu. Quelques secondes plus tard, j'ai entre les mains un exemplaire de Harry Potter et la Coupe de feu.
Je l'ouvre à la page 606 et je lis :
− Cet homme n'est pas Alastor Maugrey, dit Dumbledore d'une voix très calme. Tu n'as jamais vu Alastor Maugrey...
Maugrey se lève, m'arrache le livre des mains et lit à son tour.
Il s'écrase de nouveau dans son fauteuil.
« Fous-moi le camp, morveux ! Et, à partir d'aujourd'hui, surveille tes arrières. »
Je reprends le bouquin et je sors du bureau.
LunaL : 1, Maugrey : 0.
P.S. Je sais bien ce que tu te dis : j'aurais pu éviter la mort de Cedric Diggory. Mais rappelle-toi ce que le Doc Brown déclare dans Retour vers le futur : il ne faut pas jouer avec le continuum espace-temps.
Tu ne voudrais tout de même pas que j'oblige notre chère J.K. à récrire toute son histoire...
Histoires de LunaL (33)
Démêler le vrai du vrai
(Texte écrit pour mon défunt blogue en 2013).
Être à Pottermore et à Poudlard à la fois est tellement compliqué que je comprends pourquoi les ailes psychiatriques de certains hôpitaux londoniens sont remplies de patients souffrant de délire temporel ‒ voir Histoires de LunaL (13).
Et Pottermore ne facilite pas les choses en décalant ses années scolaires (les années de Coupe Pottermore) par rapport aux années scolaires réelles de Poudlard, telles qu'elles se déroulent dans la saga.
En outre, se demandent plusieurs, à quelle époque sommes-nous (aussi bien dans Pottermore qu'à Poudlard) ? Du temps où Harry fréquentait l'école, comme le laisse supposer le déroulement chronologique des livres, ou à notre époque ?
Comment démêler le vrai du vrai ?
Tu te balades dans Poudlard et tu tombes, disons, sur Harry.
Il s'agit bien du Harry de l'époque. Comme nous sommes actuellement dans La Coupe de feu, il a quatorze ans. En principe si tu t'es inscrit(e) à Pottermore à l'ouverture du site, tu as le même âge que lui. Mais comme, à Pottermore, nous sommes en cinquième année (la cinquième Coupe est en train d'être disputée), tu devrais avoir un an de plus.
Mais, pour faire simple, supposons que tu es aussi en quatrième année.
Tu tombes sur Harry dans le préau.
D'abord, est-ce que tu le connais ? Tu as beau avoir lu tous les livres et vu tous les films, ça ne fait pas automatiquement de toi son ami.
Tu sais que c'est vraiment lui, puisqu'il est devant toi en chair et en os, et il se doute bien que tu es réel(le), puisque tu es devant lui en chair et en os.
Pourtant, si vous êtes bien réels tous les deux, y en a-t-il un qui est plus réel que l'autre ?
Autrement dit, comment peux-tu démêler le vrai du vrai ?
Prenons mon cas. Harry était plutôt une connaissance depuis des années, avant qu'il ne devienne vraiment mon ami après que j'eus pris sa défense contre Rogue dans un cours de potion ‒ voir Histoires de LunaL (14).
Il va donc me dire :«Salut, LunaL, comment ça va aujourd'hui ?»
Et je lui répondrai : «Ça va, Harry ! J'ai le poignet un peu ankylosé à force d'avoir copié Ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui parlent ne savent pas.»
Il me dira :«Au fait, merci encore d'avoir pris ma défense. Désolé d'avoir fait perdre des points à ta maison.»
Et la conversation se poursuivra ainsi pendant quelques instants.
Tout cela est donc bien réel, même si tu n'en trouveras nulle trace dans la saga (ce qui est bien compréhensible, puisque J.K. a dû aller à l'essentiel - et encore, je trouve qu'elle brode à n'en plus finir −, sinon, chaque livre aurait comporté des dizaines de milliers de pages et aurait ressemblé davantage à un documentaire qu'à un récit).
Par contre, même si je suis bien ancré dans l'histoire, sans jamais y être mentionné, je suis différent de tous ses personnages car, moi, j'ai lu tous les livres et vu tous les films.
Inutile donc de parler des livres ou des films à Harry, Hermione, Ron, etc., puisqu'ils ne sont réels que dans leur réalité.
En fait, je ne connais que deux personnes qui sont parvenues à s'extirper de cette réalité pour entrer - du moins, intellectuellement - dans la mienne, qui est d'être à la fois à Poudlard, à Pottermore et dans notre réalité commune, à toi et à moi : ma bien-aimée la Dame Grise, qui a vu tant de choses dans sa vie de fantôme qu'elle n'est pas à une incongruité près, et la belle Luna Lovegood, qui possède une faculté rare, celle de pouvoir se projeter mentalement dans d'autres dimensions et, ainsi, de comprendre ma situation. Bien sûr, il y a le faux professeur Alastor Maugrey qui a eu dans les mains une preuve de l'existence de la saga ‒ voir Histoires de LunaL (32). S'il a accordé du crédit à cette stratégie de ma part (même si, au fond de lui, il devait avoir la conviction intime qu'il ne s'agissait que d'un tour de magie), c'est avant tout parce qu'il était dans une situation très inconfortable.
Par contre, si je croisais Daniel Radcliffe dans la rue, je ne lui dirais pas, comme le font des tas de gens pas très futés qui ne démêlent pas le vrai du faux :« Salut, Harry ! » (D'ailleurs, je n'aurais pas non plus le culot de lui dire :« Salut, Daniel ! », puisqu'il ne me connaît pas et que je ne le connais pas non plus personnellement.)
Tu me suis toujours ?
Il y a donc le vrai, le vrai vrai, le vrai faux, ainsi de suite.
Je t'avoue que je m'y emmêle moi-même un peu les baguettes.
Mais, chose certaine, le plus faux du vrai, c'est indéniablement Pottermore.
* * *
Tu connais les biographies romancées ? Ce sont des ouvrages dans lesquels l'auteur a agencé des faits réels - qu'il a parfois quelque peu «arrangés», sans jamais toutefois s'éloigner de la vérité - de façon à rendre la lecture plus intéressante.
Eh bien ! La saga Harry Potter est une sorte de biographie romancée. Le fait que J.K. Rowling ait rapporté des faits réels s'étant déroulés dans le monde magique n'enlève rien à son génie, puisque personne d'autre qu'elle n'aurait pu présenter cette histoire aussi brillamment en créant, là où il fallait, des suspenses à couper le souffle, là encore des intrigues machiavéliquement bien ficelées, le tout à partir d'un matériau déjà existant.
Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, Poudlard existe bel et bien et tous ceux et celles qui, comme toi et moi, ont eu la chance de recevoir une lettre de l'école, vivent les aventures de Harry de l'intérieur, à l'époque même où les faits se sont déroulés.
Comment cela est-il possible ? se demandent plusieurs.
Non pas par la magie, mais en raison de l'existence simultanée d'une multitude de réalités, dont la nôtre et celle de Harry font partie.
Le cher docteur Emmett Brown, grand scientifique dépeint comme un être un peu fêlé dans la trilogie cinématographique Retour vers le futur, décrivait une de ces réalités - la nôtre - en insistant sur le fait que toute rupture dans le continuum espace-temps possédait son existence propre et pouvait, à son tour, engendrer une multitude de présents tout aussi réels que celui que nous connaissons toi et moi.
D'où l'importance, selon le Doc Brown, d'éviter autant que possible, de créer ce type de ruptures, car elles modifient chaque fois la réalité.
En l'occurrence, en ce qui nous concerne, cette réalité est celle du récit historique de la Seconde Guerre entre le Bien et le Mal, incarnés respectivement par Harry Potter et lord Voldemort.
Voilà pourquoi il existe, chez les gens comme toi et moi, qui vivent à la fois à Poudlard du temps de Harry et à notre époque, une règle tacite qui veut que nous n'accomplissions aucune action suffisamment importante pour changer le cours du récit de la saga. De toute manière, nous avons amplement de latitude pour vivre la saga de l'intérieur, avec beaucoup de plaisir (et sans y jouer un rôle digne de mention), tout en y étant étranger.
Ainsi, l'amour que me porte ma bien-aimée la Dame Grise a sûrement joué un rôle positif dans sa décision de révéler à Harry l'endroit où se trouvait le diadème de Serdaigle. Mais, même sans cet élément dont il n'est nulle part fait mention dans la saga, Helena aurait sans doute fini par accéder au désir de Harry, convaincue par la pureté de son dessein et de son âme.
Par ailleurs, si J.K. a accepté comme argent comptant la légende du vol du diadème par ma bien-aimée [légende que je démolis, afin de rétablir la vérité, dans mon récit Le Secret de la Dame Grise ‒ voir Histoires de LunaL (1)], c'est que cet élément n'était pas essentiel à l'histoire et que notre auteure avait des choses beaucoup plus importantes à démêler pour créer le texte parfaitement cohérent et tout à fait passionnant qu'elle nous a livré.
Même si beaucoup de gens s'adaptent très mal à cette dichotomie temporelle entre leur vie actuelle et leur vie à Poudlard, la plupart d'entre nous y puisent une joie infinie, d'autant plus qu'ayant lu les livres et vu les films, nous avons sur cette histoire un regard unique, dont ne jouissent pas celles et ceux qui n'ont que cette réalité (Harry, Ron, Hermione et tous les autres).
Profitons donc pleinement de cette grâce qui nous est faite et assurons-nous de toujours respecter la règle susmentionnée : ne jamais accomplir une action qui pourrait modifier le cours de la réalité dépeinte majestueusement par J.K. Rowling.
P.S. Il est certain, par ailleurs, que des âmes noires contemporaines, nostalgiques du Seigneur des Ténèbres, doivent actuellement chercher le moyen de créer dans le récit menant à la victoire contre les forces du mal, une rupture leur permettant de changer l'histoire (comme cela se produit dans Retour vers le futur 2 ou dans la série Terminator). Nous devons donc rester vigilants afin de pouvoir, le cas échéant, contrecarrer les projets démoniaques de ces âmes damnées.
Histoires de LunaL (34)
Le détraqueur détraqué
Je ne suis tombé qu'une seule fois sur un détraqueur.
C'était il y a quelques mois.
Je revenais de Pré-au-Lard.
C'était l'hiver et on sait qu'en cette saison, la nuit tombe très tôt.
Je n'avais pas encore atteint les limites du domaine de Poudlard, d'où toute présence maléfique est écartée.
J'ai vu s'avancer vers moi, flottant au-dessus du sol, une forme sombre.
Pas le temps de faire un geste - d'ailleurs, j'avais l'impression d'avoir du plomb dans les jambes - et le monstre était sur moi.
Il se mit aussitôt à aspirer mon âme.
Mais, à mon grand étonnement, il ne tarda pas à s'étouffer, puis à s'éloigner en jurant :
« Putain ! Ce mec, c'est pas la joie ! »
J'appris plus tard que ce détraqueur était détraqué et qu'il avait été retiré de la circulation.
Histoires de LunaL (35)
Extrait de Vie et habitat des animaux fantastiques II
Vu que la première édition du best-seller Vie et habitat des animaux fantastiques II est actuellement épuisée ‒ et donc impossible à obtenir chez Fleury et Blott ‒, les auteurs, ma très chère Luna Lovegood et son mari Rolf, ont accepté que je publie ici un deuxième extrait de leur ouvrage, paru aux Éditions Obscurus. Rappelons que j'ai déjà publié un extrait de cette magnifique suite du chef-d'œuvre écrit par le grand-père de Rolf [voir Histoires de LunaL (27)].
CHAT DE GUTTIÉRREZ
Classification MdlM : X
Malgré un nom qui n'a rien de fantastique, le chat de Guttiérrez est une des bêtes les plus extraordinaires qu'il nous ait été donné d'observer. Animal menacé d'extinction, le chat de Guttiérrez habite, comme son nom l'indique, la région peu connue de Guttiérrez dans la péninsule du Yucatan au Mexique, territoire jadis occupé par la civilisation maya. Selon le mene (chamane maya) Ticoun Tépâkapdedirmonon100rir, le chat de Guttiérrez ÉTAIT le jaguar, animal vénéré par les Mayas et symbole des ténèbres et de l'Inframonde. Or, la chute de l'empire maya aurait anéanti les pouvoirs surnaturels du jaguar et transformé le félin en simple chat tigré. Nous avons pu, grâce à M. Ticoun, voir de près un chat de Guttiérrez. Le félin se tapit le jour dans des anfractuosités des anciens temples mayas (c'est la raison pour laquelle aucun touriste ni archéologue n'en a jamais aperçu) et chasse la nuit pour se nourrir. On affirme, dans certains écrits magiques jalousement conservés par les derniers chamanes mayas, que lorsque le Mal aura définitivement vaincu (ce qui ne saurait tarder dans le monde moldu, malgré la victoire éclatante de Harry Potter dans le monde des sorciers), le monde des vivants deviendra l'Inframonde. On dit que « les vivants envieront alors le sort des morts ».
Le chat de Guttiérrez a plusieurs particularités. D'abord, ses oreilles, qui ont la même forme que celles d'un elfe. Ensuite, sa double queue, qui lui sert de moyen d'expression à distance, car il en use comme d'un sémaphore. Enfin, vestige de ses anciens pouvoirs, sa capacité de matérialiser les émotions des personnes qui se trouvent en sa présence : si elles sont soucieuses, le ciel s'ennuagera; si elles sont tristes, il se mettra ``a pleuvoir; si elles sont en colère, un orage éclatera, ainsi de suite. Quand les auteurs de ce livre ont vu le chat de Guttiérrez en compagnie de M. Ticoun, c'était en pleine nuit. L'animal a regardé fixement le ventre de la femme (Luna Lovegood), qui ne savait pas encore qu'elle était enceinte*, et il a levé les yeux en l'air. Dans le ciel sans nuages, éclairé seulement par une lune pleine et des milliards d'étoiles, un arc-en-ciel s'est dessiné. Le chat a accompagné ce prodige d'un message avec sa double queue, que M. Ticoun a traduit ainsi : « Il y a encore un peu - mais bien peu - d'espoir pour l'humanité. »
* Voir Histoires de LunaL (28)