HISTOIRES DE LUNAL (8 À 15)
HISTOIRES DE LUNAL (8)
Gilderoy Lockhart à Serdaigle : la vérité vraie
Chroniqueuse géniale des événements survenus dans le monde magique lors de la « résurrection » de lord Voldemort, J.K. Rowling n'en a pas moins pris quelques raccourcis avec l'histoire.
Ainsi, quand elle s'est documentée sur Gilderoy Lockhart, elle n'a utilisé comme source que son bouquin intitulé Moi, le magicien.
Or, que lit-on dans cette autobiographie auto-glorificatrice :
« À mon arrivée à Poudlard, j'ai été, bien entendu, appelé en premier pour subir l'épreuve du choixpeau. Après qu'on eut placé ce truc pas très propre sur ma tête impeccablement coiffée -- j'ai dû insister fortement pour qu'on ne dérange pas une seule mèche de mes magnifiques cheveux --, j'ai entendu les paroles suivantes :
- Hum ! Toi, tu ne devrais pas être envoyé dans une des quatre maisons, car tu es bien au-dessus de tout cela. Non ! Je te verrais plutôt comme fondateur d'une cinquième maison à Poudlard. Qu'en dis-tu?
- À vrai dire, lançai-je, je n'en attendais pas moins.
- Je vais en parler au directeur mais, pour l'instant, que dirais-tu d'être envoyé à Serdaigle ? Cette maison est très prestigieuse. Certes, elle le sera moins quand un certain Harry Potter viendra tout chambouler ici, mais il faut bien t'envoyer quelque part.
- Va pour Serdaigle, repris-je, comme si cette décision était aussi importante que celle de choisir entre une cravate rose ou une cravate verte.
C'est ainsi que je fus envoyé à Serdaigle, où je fus accueilli en héros et porté en triomphe jusqu'à la salle commune. » (page 27)
Voilà pour la fable.
Maintenant, la réalité.
En fait, si Gilderoy Lockhart a fait partie de Serdaigle, c'est parce qu'il a été considéré par les trois autres maisons comme persona non grata.
Comme chacun sait, Lockhart est un vantard et un fabulateur de première.
Or, qui à Poudlard ne le cède à personne (sauf peut-être à Serpentard) en matière de vantardise ?
GRYFFONDOR !
Quand le jeune Gilderoy est arrivé à Poudlard, le choixpeau l'a donc sans hésitation envoyé chez les Gryffons.
Ces mêmes Gryffons, qui en ont pourtant vu bien d'autres, se sont cependant vite lassés des fables et des vantardises de Gilderoy, qui allaient au-delà de tout ce qu'ils avaient connu.
Ils exigèrent donc que Lockhart se trouve une autre maison.
Trop vantard pour être à Gryffondor, imagine un peu !
Le petit Gilderoy fut accueilli par les Serpys, trop heureux de ravir quelqu'un à leurs grands rivaux.
Mais ils ne tardèrent pas, eux aussi, à trouver Lockhart insupportable et ils lui montrèrent la sortie.
Gilderoy alla frapper chez les Pouffys, qui furent ravis de prendre chez eux un élève qui allait leur raconter toutes sortes d'histoires à dormir debout durant leurs longues périodes de digestion laborieuse après leurs gargantuesques festins.
Mais toute bonne chose a une fin et, malgré leur gentillesse légendaire, les Pouffys finirent par se lasser de ce type qui, pour se rehausser à leurs yeux, ne cessait de rabaisser la maison qui l'avait accueilli.
Ne restaient plus que les aigles.
Bons princes que nous sommes, nous avons accepté de faire de Gilderoy un digne Serdaigle. Nous aimions bien son excentricité et sa façon de plier la réalité à ses fantasmes.
Mais chez nous aussi, Lockhart devint rapidement insupportable.
Cependant, s'il faut reconnaître une qualité à ce magicien de pacotille, c'est sa faculté d'adaptation à son milieu : un vrai caméléon.
Or, le milieu de Serdaigle, c'est le savoir.
Durant son séjour chez nous, Gilderoy a appris à travailler ses matières scolaires et, notamment, les sortilèges, ce qu'il n'avait jamais eu l'intention de faire dans les autres maisons.
Il a ainsi rapidement maîtrisé les sortilèges de suggestion et d'amnésie, sur lesquels repose d'ailleurs toute sa carrière.
Puis, prenant à part tous les élèves influents de notre maison, il les a amenés à prendre parti en sa faveur.
Conscient enfin qu'après Serdaigle, il n'y avait plus d'autre maison pour l'accueillir, il s'est fait plus discret jusqu'à la fin de ses études.
Voilà pourquoi, si Lockhart a effectivement fait partie de la maison de Serdaigle, il n'est pas vraiment digne d'en être le représentant et, surtout, de figurer dans un sondage sur les sorciers les plus marquants de notre maison.
La vérité est maintenant rétablie.
HISTOIRES DE LUNAL (9)
Mon amie Annie de Serpentard
Quelques semaines après le début de ma deuxième année à Poudlard, je me promenais dans le parc avec, sous le bras, Les Rêveries du promeneur solitaire - c'était juste pour donner le ton, car je ne suis pas un grand fan de Jean-Jacques Rousseau −, quand j'aperçus, appuyée contre un arbre, une élève qui pleurait.
Je me suis approché et j'ai vu, par les couleurs de sa cravate et de son écusson, qu'elle appartenait à la maison Serpentard.
J'esquissai d'abord un mouvement de recul. Depuis le temps, vous savez ce que je pense de cette maison. Mais les larmes m'ayant toujours fait craquer, j'ai mis de côté mes réticences et je me suis dirigé droit vers elle.
« Salut, » ai-je dit en guise d'introduction pas très originale, mais toujours efficace.
Elle releva la tête et, voyant que j'étais à Serdaigle, elle détourna aussitôt les yeux. Elle croyait sans doute que je voulais la railler.
« Tu es en première année ? » demandai-je.
Elle fit signe que oui.
« Moi, c'est LunaL et je suis en deuxième année. »
J'entendis, sortant de sa bouche, un mot qui ressemblait à « Annie ».
« Je peux m'asseoir, Annie ? »
Elle fit de nouveau signe que oui.
Il me fallut du temps pour savoir ce qui la chagrinait mais je parvins, avec beaucoup de douceur, à gagner sa confiance.
« Je voulais pas être à Serpentard, » finit-elle par avouer.
« Tu ne l'as pas dit au choixpeau quand il était sur ta tête ? »
Elle me regarda, étonnée.
« Non ? Il faut lui parler ? »
« Pas forcément. Le choixpeau est censé voir en toi ce qui te permettra le mieux de t'épanouir dans l'une des quatre maisons. Mais je vais te confier un secret : à son âge, le choixpeau travaille un peu du chapeau. »
Elle rit.
« Ceci dit, ajoutai-je, il a ses raisons de répartir un élève dans une maison et ces raisons, on n'en est pas toujours conscient. »
« Mais moi, j'ai rien d'un Serpentard. Je suis pas fourbe, ni envieuse, ni ambitieuse au point de tricher. Mais depuis que je suis à Serpentard, on me harcèle pour que je sois odieuse avec les élèves des autres maisons. »
« Ce ne sont sûrement pas tous les élèves de ta maison qui te harcèlent...»
« Non ! C'est plutôt une petite clique dirigée par Drago Malefoy. »
« Ah ce cher Drago ! Dire qu'il fait le paon quand il est en compagnie d'autres Serpentard, mais qu'il fait dans son froc quand il est tout seul...Tu as tout de même des amis dans ta maison ? »
« Si peu. »
« Annie, je suis sûr que le choixpeau avait une bonne raison de t'envoyer à Serpentard. Penses-y et vois ce que tu pourrais utiliser pour faire ta place dans cette maison. Tu es peut-être là pour y apporter quelque chose qui lui manque. »
Elle se rasséréna. Quand elle se leva et retourna à l'école, je vis dans son regard qu'elle était bien déterminée à ne plus se laisser intimider.
Annie est devenue une amie très chère. Plus tard, elle a réuni autour d'elle un petit groupe de garçons et de filles qui ont pris à cœur d'inculquer aux nouveaux le respect des autres, y compris ceux des autres maisons.
HISTOIRES DE LUNAL (10)
Madame Bibine s'envole
On a souvent l'impression que tous les sorciers et sorcières ont le vol en balai dans le sang.
Si tu ne le savais pas déjà, je vais t'apprendre une grande nouvelle : il existe des sorciers pour qui le vol en balai est presque un supplice.
C'est mon cas. Voilà pourquoi j'ai été tellement soulagé quand j'ai appris à transplaner.
Lors de mon premier cours avec Madame Bibine, il y a de cela bien longtemps, j'ai réagi à peu près comme Neville.
Il est vrai que mon balai, un vieux Comète 140, hérité d'un oncle, n'a rien du Nimbus 2000. Quand il a été fabriqué, l'artisan avait sans doute l'esprit ailleurs, car il a interverti les sortilèges d'accélération et de descente, ce qui fait qu'à mes premiers essais, je me suis plusieurs fois cassé la margoulette. L'ouvrier a même oublié d'intégrer le sortilège antivol (si tu veux me débarrasser de mon engin, n'hésite pas !)
Comme si ça n'était pas assez, je me suis rendu compte que j'ai le vertige. Heureusement, on peut trouver sur le Chemin de Traverse une potion contre le vertige (un peu comme les comprimés contre le mal des transports chez les Moldus).
C'est cette chère Madame Bibine qui m'a aiguillé vers cette potion.
D'ailleurs, si tu regardes derrière son faux air assuré, tu constateras que Madame Bibine est loin d'être à l'aise sur un balai. Elle a un petit côté imposteur dans son rôle de professeur de balai.
Ce qui m'a surtout mis la puce à l'oreille sur son malaise, c'est son HALEINE.
Quand elle vous parle de près (ce qu'elle évite habituellement de faire), elle sent le whisky.
C'est la solution qu'elle a trouvé contre le vertige.
Mais contrairement à son nom, elle ne consomme pas de la bibine, mais uniquement du whisky Pur Feu.
Certains jours, quand nous la voyions arriver d'un pas mal assuré (comme l'albatros de Baudelaire), nous savions que nous aurions droit à une époustouflante démonstration de vol.
Comme chacun sait, le whisky Pur Feu donne des ailes !
HISTOIRES DE LUNAL (11)
Sybille « Très-Long-Nez »
Quelqu'un qui sait ne le montre pas. Quelqu'un qui ne sait pas fera tout pour montrer qu'il sait.
Ce qui précède me rappelle la première impression que m'a faite Sybille Trelawney, que les élèves connaissant le français avaient baptisée « Très-Long-Nez ».
Sa salle de cours rassemblait tout le bric-à-brac des charlatans de la pire espèce.
Elle faisait tout pour montrer qu'elle savait.
Elle entendait sans doute en permanence, venant du plus profond de son être, une voix qui lui disait qu'elle devait se montrer digne de son aïeule, la grande voyante Cassandra Trelawney.
Ce sont de telles voix qui, trop souvent, gâchent des vies qui auraient pu être agréables. Si les parents savaient tout le tort qu'ils causent parfois en voulant trop pour leurs enfants, ils prendraient leurs distances avec l'idée de réussite à tout prix.
Sybille Trelawney n'était pas une vraie voyante. Elle était un simple récepteur qui captait à l'occasion des bruits confus du futur qu'elle ne comprenait même pas.
Un jour que j'étais le dernier à sortir de sa classe avec l'air de quelqu'un qui vient de perdre son temps, elle me lança :
« Monsieur LunaL, n'oubliez pas que vous mourrez...»
« Merci pour la prédiction, professeur, répondis-je. J'espère que ce n'est pas cette semaine, comme vous le répétez toutes les semaines à ce pauvre Harry Potter. Moi, je peux vous prédire que vous serez mise à la porte de cette école par une certaine Dolores Ombrage. »
Elle se précipita vers moi, affolée.
« Que dites-vous là ? Avez-vous des talents de voyant ? »
« Non. J'ai simplement lu tous les Harry Potter. »
Le regard qu'elle fixa sur moi ne peut se décrire. Je fus subitement envahi par un sentiment fait d'un mélange de honte et de compassion.
« Excusez-moi, professeur. Faites comme si vous n'aviez rien entendu. Je n'ai aucun talent de voyant. Par contre, je suis persuadé que votre arrière-arrière-grand-mère doit être très fière de vous. »
Son visage se rasséréna, comme si j'avais mis un baume sur une plaie.
Depuis ce jour, elle ne parla plus de la mort prochaine de Harry Potter. Enfin presque plus, car il lui arriva parfois de s'oublier.
Histoires de LunaL (12)
Mes premiers rendez-vous avec la Dame Grise
Après que ma bien-aimée Helena, surnommée la Dame Grise, m'eut autorisé à lui faire la cour, nous avons commencé à nous donner rendez-vous dans le parc du château. Or, un soir, Drago Malefoy et ses deux copains ramollis du cerveau, Crabbe et Goyle, se sont pointés dans le parc.
J'attendais Helena, qui tardait à venir.
Les trois lascars, toujours d'attaque quand il s'agit d'intimider quiconque est moins nombreux qu'eux (quel courage !), se sont alors mis à me bousculer en me traitant de tous les noms.
Sur ces entrefaites, Helena est arrivée et, voyant qu'on s'en prenait à moi, elle s'est transformée en véritable furie.
Le trio a pris ses jambes à son cou et a décampé.
Helena m'a alors proposé de nous voir dorénavant dans les tableaux accrochés aux murs de l'école.

Elle m'a montré comment m'y introduire et, depuis lors, c'est là que nous nous voyons le plus souvent.
Bien sûr, nous évitons les tableaux où risque de se pointer le chevalier du Catogan, chevalier de pacotille et connard de première.
Nos tableaux préférés sont les scènes champêtres et les tableaux représentant des intérieurs anciens.
HISTOIRES DE LUNAL (13)
Pottermore et le délire temporel
Cet article signé LunaL a été publié dans Le Chicaneur.
On dit entre les branches que plusieurs fans de J.K. Rowling auraient été admis dans des hôpitaux moldus pour désorientation temporelle. Certains accusent Pottermore d'être responsable du phénomène.
Pour en savoir plus long, je me suis infiltré au Bethlem Royal Hospital de Londres et j'ai constaté par moi-même l'état des lieux.
Dans l'aile J.K. Rowling, nommée ainsi en l'honneur de cette grande bienfaitrice, tout un étage est réservé à des patients dont il est impossible de connaître la raison de l'hospitalisation. L'accès à cet étage est strictement interdit et des gardiens portant sur leur veste un insigne affichant la lettre « P » (pour «Pottermore », sans doute) ont été postés à chacune des entrées.
Je suis tout de même parvenu à déjouer ces mesures de sécurité et à pénétrer dans une des chambres où repose un adolescent atteint d'un mal étrange.
À son chevet se trouvaient le docteur Adidas Roning Chou, un podiatre qui n'avait rien à faire là - vu qu'il s'occupe des pieds et non du cerveau −, la docteure Eugénie Danlabouteï, spécialiste des maladies transmises par le ver Bouteillis Bouteillis, ainsi que plusieurs internes, qu'il est inutile de nommer.
La docteure Danlabouteï expliquait aux autres : « Ce cas de désorientation temporelle qui affecte le lobe temporal (ou vice-versa) est une première. Comme vous le voyez, le patient change d'âge toutes les dix minutes selon un cycle qui, d'après nos observations, le fait passer successivement de 13 à 14 ans, puis de 14 à 18 ans (son âge réel), puis de 18 ans à 6 mois et, enfin, de 6 mois à -1 an. Le cycle recommence ensuite.»
Un interne leva la main : « Y a-t-il des signes avant-coureurs de la maladie ? »
« Bonne question, répondit la docteure. Les patients ont un seul point commun : ils étaient tous inscrits à Pottermore, un site qui essaie tant bien que mal (et plutôt mal que bien) d'amuser les jeunes en s'inspirant de l'histoire d'un certain Harry Potter. Quant aux signes avant-coureurs, tout ce que nous avons pu apprendre jusqu'ici, c'est que, juste avant de commencer les cycles de changement d'âge, plusieurs patients étaient tiraillés entre, d'une part, l'envie irrésistible de quitter le site et de fermer leur compte et, d'autre part, un irrépressible besoin de continuer à subir les bugs de Pottermore en espérant une amélioration qui ne viendra sans doute jamais. »
J'en avais assez entendu.
Je suis allé interroger notre chère Luna Lovegood, devenue Mme Luna Scamander, âgée de 32 ans (ou de 21 ans, si on préfère son incarnation par Evanna Lynch) ou encore de 14 ans si on considère que nous sommes en 4e année à Poudlard sur Pottermore.
Vous me suivez ?
« Chère Luna, lui ai-je demandé, crois-tu que cette maladie est attribuable aux Joncheruines ? »
« Bien sûr que non ! a-t-elle répondu. Cette maladie est attribuable au bug Tempus Pottermoriensis. »
« Peux-tu expliquer à nos lecteurs ce qu'est le bug Tempus Pottermoriensis ? »
« Voilà ! La désorientation temporelle est causée par Pottermore. Reprenons le cas que tu viens de présenter : un garçon de 17 ans s'inscrit à Pottermore en 2012 (il est donc né en 1995). Aujourd'hui, dans la salle commune, il bavarde avec d'autres Pottermoriens de choses qui lui arrivent maintenant, à 18 ans. Mais il est aussi en 4e année à Poudlard sur Pottermore. Il a donc 14 ans. Mais comme Pottermore est en retard dans la publication des chapitres, il n'a en fait que 13 ans, car nous sommes toujours dans le Prisonnier d'Azkaban (3e année à Poudlard). Or, l'action du Prisonnier d'Azkaban se déroule en réalité en 1993-1994, un an avant sa naissance. Mais comme nous devrions être en 4e année (donc, en 1994-1995), il serait un nourrisson. L'absence de repères temporels stables est sans doute la cause de cette désorientation. Je suis moi-même inscrite à Pottermore et je dois t'avouer que j'y perds mon lapin.»
« Merci, chère Luna (ou Evanna). Je constate que l'âge t'a rendu plus...moins...Enfin, tu sais ce que je veux dire. Merci d'avoir éclairé ma poterne...»
« De rien, LunaL. »
« Un dernier mot avant de se quitter ? »
« Eh bien ! Je suis de tout cœur avec celles et ceux qui souffrent de ce mal causé par Pottermore. Je vais en parler à mon ex-petit ami Neville pour voir s'il ne connaîtrait pas une plante qui pourrait alléger les souffrances de ces malheureux. »
« Tu n'as pas changé, Luna. Tu es toujours aussi belle et pleine de bonté. »
Luna s'est alors penchée vers moi et m'a glissé à l'oreille :« Je suis très heureuse pour Helena et toi. Vous allez très bien ensemble. Même s'il est difficile de déterminer où vous en êtes : en 3e ou en 4e année de Poudlard, dans la réalité ou sur Pottermore, ou encore dix-neuf ans après, comme dans ton récit Le Secret de la Dame Grise ? »
« Merci, Luna. Moi aussi, j'ai du mal à m'y retrouver. Je sens d'ailleurs à la fois l'envie irrésistible de quitter Pottermore et de fermer mon compte et, d'autre part, un irrépressible besoin de continuer à subir les bugs de ce site en espérant une amélioration qui ne viendra sans doute jamais. »
En conclusion, espérons que personne dans votre entourage - proche ou ami - n'est atteint par le bug Tempus Pottermoriensis.
Un bug de plus à ajouter à la longue liste des bugs de Pottermore.
Histoires de LunaL (14)
Je n'ai jamais aimé Severus Rogue
Je voudrais te parler d'un cours de potions particulièrement pénible auquel j'ai assisté en 4e année à Poudlard.
Je n'ai jamais aimé Severus Rogue.
Je sais que beaucoup de gens - surtout les filles - ont un faible pour lui.
Apparemment, les femmes possèdent une qualité rare chez l'être humain : la capacité de pardonner au-delà de toute considération.
Même si j'ai, semble-t-il, plus de compassion que les garçons en ont ordinairement, il me manquera toujours ce petit élan du cœur de plus, qui fait que les personnes du sexe dit «faible» (mais qui est en fait beaucoup plus fort que nous) parviennent à accorder leur pardon, même à leurs bourreaux.
Les filles, ne perdez pas cette disposition qui fait de vous des êtres humains bien supérieurs à nous. Surtout à notre époque où beaucoup d'adolescentes croient être plus in en adoptant tous les défauts des garçons.
Mais revenons à nos moutons...ou, plutôt, à notre mouton noir.
Tout en sachant que je n'aurais pas hésité une seconde, si j'avais eu le même âge que lui quand il avait le mien, à prendre la défense de Rogue contre ceux qui le harcelaient - fût-ce le «Monsieur Parfait» de l'époque, James Potter, à qui j'aurais bien aimé botter le derrière, quitte à recevoir la raclée de ma vie de la part de ses petits copains aussi coupables que lui d'intimidation envers un plus faible −, je n'ai jamais ressenti la moindre compassion à l'endroit de mon professeur de potions.
Même après avoir appris ce que tout le monde sait - du moins, celles et ceux qui ont lu le dernier volume de la saga −, je reste presque insensible à ses malheurs, sachant ce qu'il a fait endurer au pauvre Harry durant toutes ces années afin de se venger des mauvais traitements qu'il avait lui-même subis.
La petite larme qu'il a versée à la dernière minute ne rachète pas, selon moi, les années de galère qu'il a fait endurer à Harry.
Le petit sorcier est d'ailleurs la cause de l'humiliation que j'ai subie et des heures de retenue qui l'ont accompagnée.
Harry est parfois maladroit et il l'est d'autant plus quand il croule sous la pression que la simple présence de Rogue suscite chez lui.
Ce jour-là, nous avions à préparer une potion particulièrement difficile et le pauvre Harry, sous l'œil sévère de son professeur, qui ne ratait jamais une occasion de l'humilier, était tellement nerveux, qu'il faisait tout de travers.
Hermione l'aidait tant qu'elle pouvait tandis que moi, installé deux tables plus loin, je rongeais mon frein.
Quand Harry renversa un liquide malodorant directement sur les chaussures de Rogue, ce dernier ne se retint plus et l'assomma de quolibets, dont il était le seul à rire avec Drago et ses deux demeurés de copains.
« Monsieur le professeur, ai-je dit tout haut, est-il bien nécessaire de harceler comme vous le faites ce pauvre garçon, quelles que soient les raisons qui vous y incitent ? »
Rogue tourna vers moi son regard noir mais, au lieu du savon que je m'apprêtais à subir, j'eus droit à son arme favorite : le persiflage.
« Monsieur LunaL ici présent, maître en potions s'il en est un dans cette classe de cruches, est si fier de son petit savoir fraîchement acquis qu'il croit venu le temps de donner des leçons de pédagogie à son professeur. Je n'ose imaginer quel foutoir deviendrait mon cours si je laissais ce blanc-bec sans expérience - et, surtout, sans jugement - me remplacer auprès de ces incapables. Monsieur LunaL, vous aurez donc droit, en récompense de vos sages conseils, à trois heures de retenue, durant lesquelles vous me copierez : ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent pas. »
Et comme si ça ne suffisait pas, il m'attira les foudres des élèves de ma maison en ajoutant : «Dix points seront enlevés à Serdaigle.»
Il ajouta :« Bien sûr, comme il n'y a pas cette année de Coupe des Quatre Maisons en raison de la tenue du Tournoi des Trois Sorciers, les dix points en question seront enlevés l'an prochain. »
Un murmure s'éleva dans la salle contre l'injustice de cette décision, mais il a suffi d'un regard de Rogue pour que la grogne prît fin.
L'amitié dont me gratifia Harry depuis ce jour fut un baume, mais il n'en reste pas moins que je n'ai jamais aimé Severus Rogue.
Histoires de LunaL (15)
Drago Malefoy
On aura beau invoquer toutes sortes de raisons pour justifier le comportement de Drago Malefoy à l'école de Poudlard en insistant sur le fait que ce n'est pas un si mauvais garçon, qu'il a subi l'influence de ses parents, eux-mêmes tombés sous la coupe des Mangemorts, je n'aime pas ce type.
Je l'aime d'autant moins que, loin d'assumer sa méchanceté jusqu'au bout -- ce qui aurait suscité chez moi, à défaut d'admiration, du respect --, Malefoy a toujours été un poltron de première.
Un psychanalyste dira peut-être que c'est son moyen de communiquer avec les autres, qu'il s'est rendu compte dans son enfance que tyranniser les plus jeunes le ceignait d'une sorte d'auréole et attirait vers lui tous les crétins trop informes pour avoir leur propre personnalité et qui cherchaient en lui un «chef» pour leur dire quoi faire et quoi penser (on pense un peu aux Allemands avec Adolf Hitler).
On cherche d'ailleurs des qualités chez ce garçon. C'est comme si J.K. Rowling avait voulu réunir en lui et en Voldemort toute la méchanceté de la terre.
En réalité, il fait plutôt pitié.
Quand il n'a pas avec lui ses gorilles, il rase les murs et jette des regards suspicieux partout, craignant que l'école entière ne se jette sur lui.
L'autre jour, alors que j'étais assis seul dans le préau à regarder la nuit tomber, j'ai vu passer une ombre près de moi.
Malefoy rasait les murs.
Il s'est arrêté à ma hauteur et, voyant que j'étais seul et qu'il n'y avait personne autour, il m'a lancé un «Salut !» gêné.
J'ai tout de suite deviné qu'il voulait s'excuser pour la fois où, avec ses deux ramollis du cerveau, il m'avait bousculé dans le parc alors que j'attendais ma bien-aimée Dame Grise. Ce soir-là, quand ma chère Helena était arrivée sur les lieux et qu'elle avait vu les trois lascars s'attaquer à moi, elle s'était transformée en véritable furie. Malefoy, Crabbe et Goyle avaient alors pris leurs jambes à leur cou.
- Salut ! répondis-je. Tu sais, Malefoy, je sais que tu as ta réputation à tenir, mais c'est pas parce que J.K. Rowling a fait de toi l'incarnation du petit voyou détestable que tu es obligé de t'en tenir à ce rôle.
Un point d'interrogation s'alluma au-dessus de sa tête.
- Qui c'est ça, J.K. Bowling ? Tu débloques vraiment, LunaL !
Il tourna les talons et partit.
Je lui criai :« Merci quand même pour les excuses que tu ne m'as pas faites pour l'autre fois. »
Il se retourna et me fit un doigt.
- C'est tout à ton honneur, Malefoy ! Au plaisir de ne pas te revoir.